Le projet CRUScH aborde une question clé en écotoxicologie dans le contexte de la crise de la biodiversité aquatique : les effets à long terme de l’exposition des populations aux environnements contaminés. Les méthodes actuelles d’évaluation du risque écologique (ERE) reposent sur des données de toxicité issues de souches de laboratoire, ignorant les variations génétiques et écologiques au sein des espèces. Cette approche néglige les effets éco-évolutifs des contaminants et les conséquences indirectes pour les populations exposées aux changements environnementaux.
CRUScH adopte une approche comparative à grande échelle pour étudier l’adaptabilité des crustacés (gammaridés en eau douce et palaemonidés en milieu côtier) dans divers contextes de contamination, en intégrant leur diversité génétique. Deux hypothèses seront testées : (1) l’exposition multigénérationnelle aux polluants induit des processus éco-évolutifs locaux (plasticité phénotypique, sélection) générant des différences de sensibilité entre populations plus importantes qu’entre espèces ou lignées phylogénétiques; (2) cette exposition prolongée des populations accroît la vulnérabilité à d’autres stress environnementaux.
CRUScH vise 4 objectifs : (1) établir les relations phylogénétiques et la variabilité de sensibilité à 4 contaminants dans 100 rivières françaises et 30 stations côtières franco-espagnoles, exposées ou non à la contamination ; (2) caractériser la nature plastique des tolérances à l’échelle individuelle et intergénérationnelle ; (3) évaluer les effets de l’exposition sur la diversité génétique ; (4) tester la vulnérabilité des populations tolérantes au contaminant à d’autres stress (parasitisme, vague de chaleur, hypoxie, acidification océanique).
Croisant expertises en écotoxicologie et écologie moléculaire, le projet améliorera les connaissances sur les processus éco-évolutifs dans le contexte actuel de contaminations environnementales persistantes et éclairera les pratiques actuelles en ERE.