Influence de paramètres environnementaux sur l’accumulation de virus par Dreissena polymorpha

Offre :

Une offre de post-doctorat de 12 mois est proposée à l’Université de Reims Champagne Ardenne (UMR- I 02 SEBIO). Le travail post-doctoral se fera en collaboration avec le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST).

Contexte et objectif du projet :

Les rejets animaux et humains contaminent l’ensemble des milieux aquatiques par une variété de microorganismes (virus, bactéries et parasites). Escherichia coli est aujourd’hui considéré par l’OMS comme l’indicateur le plus précis pour estimer la pollution fécale de l’environnement et donc la contamination des milieux aquatiques par les microorganismes pathogènes. Concernant la contamination virale, les limites des indicateurs bactériens sont particulièrement perçues lorsqu’il s’agit d’évaluer la qualité microbiologique des eaux de surface. Pour lever cette limite, sans avoir à rechercher les différents virus pathogènes, il est proposé d’autres indicateurs pour estimer le risque viral lié à une contamination fécale, tel que les bactériophages ARN F-spécifiques (FRNAPH). Cependant, l’intérêt de l’utilisation des phages pour évaluer la qualité des masses d’eau se heurte à différentes difficultés : i) limite de détection de la méthode pour les faibles charges, ii) variabilité des résultats d’analyses sur l’eau liée aux changements spatiotemporels inhérents à la matrice eau (débit des rivières, évènements météorologiques) pouvant influencer la propagation et le transport des bactériophages ARN F spécifiques. Afin de lever ces limites, il a récemment été proposé de s’appuyer d’une part sur les capacités de bioaccumulation de bivalves aquatiques, et tout particulièrement de la moule zébrée (Dreissena polymorpha) pour le milieu continental, et d’autre part sur la représentativité de ces organismes vis-à-vis de leur milieu de vie (espèce sessile) pour améliorer la mesure des FRNAPH dans un objectif de surveillance de la qualité des masses d’eau. Nos premiers travaux ont apporté des connaissances nouvelles en faveur de l’utilisation de la moule zébrée comme matrice pour évaluer la concentration de l’indicateur FRNAPH dans les masses d’eau (capacité d’accumulation des FRNAPH, représentativité de la charge accumulée vis-à-vis du niveau d’exposition, intégration du signal…CapizziBanas et al 20211 ; Thèse de J. Do Nascimento). Bien qu’une accumulation des FRNAPH soit observée in situ et en laboratoire, les facteurs de bioaccumulation (BCF) évalués in situ sont beaucoup plus élevés (entre 100 et 5000) qu’en laboratoire (BCF entre 0,5 et 1). Ces résultats soulignent l’influence de paramètres « extérieurs » au duo FRNAPH – dreissène susceptible d’influencer la capacité d’accumulation de la dreissène (i.e. température) et/ou la biodisponibilité (i.e particules) des FRNAPH infectieux pour la dreissène. Dans ce contexte, les travaux du LIST ont permis de valider in situ des interactions entre les FRNAPH et les particules de différentes tailles selon les conditions hydrologiques du système (Fauvel et al, 2017 ; Fauvel et al.,2019).

A l’aide d’expérimentations en conditions contrôlées de laboratoire, le projet a pour objectif de caractériser l’influence de certains paramètres environnementaux (i.e température, charge et caractéristiques des particules) sur l’accumulation/bioaccumulation des FRNAPH par la dreissène. Ces nouvelles données devront permettre d’expliquer la différence de BCF entre les conditions de laboratoire (balnéation simple) et in situ et pourront affiner un modèle toxicocinétique en cours de définition.

Rôle du post-doctorant :

• concevoir et réaliser les expérimentations d’exposition de la dreissène aux FRNAPH afin de tester l’influence des différents paramètres (i.e température, matière en suspension…).
• réaliser l’acquisition des données sur le milieu d’exposition (i.e caractérisation des particules) et la concentration en FRNAPH infectieux dans la dreissène.
• traitement statistique des données et interprétation
• valorisation des résultats par une participation à un congrès et la rédaction d’un article scientifique dans une revue internationale du domaine
• le post-doctorant sera amené à aller au sein du LIST pour la réalisation de certaines expériences/analyses

Profil attendu :

Nous recherchons un post-doctorant très motivé. Les candidats doivent avoir :

• un doctorat en écotoxicologie aquatique, écologie ou microbiologie environnementale soutenu
• expérience en expérimentation avec des organismes aquatiques
• de bonnes compétences en communication écrite et orale sont attendues, ainsi qu'une excellente aptitude au travail d'équipe.
• l'autonomie dans la conception expérimentale et l'analyse des données est un prérequis. Une expérience en expérimentation avec des organismes aquatiques sera appréciée.